Un atelier d'écriture avec le romancier Quentin Ebrard
- Sophie PATON
- 1 juil.
- 5 min de lecture
Au début du mois de mai, les 4B ont bénéficié des conseils d'un auteur reconnu qui les a guidés dans la rédaction de leurs nouvelles. Un grand bravo aux élèves pour leur créativité et de chaleureux remerciements à Quentin Ebrard qui a eu la gentillesse d'envoyer à chaque duo d'écrivains des commentaires personnalisés.
Bonne lecture !
La nouvelle de Soane T et Brihan M
Vidéo enregistrée le 2 mai 2025 « Chers followers, aujourd’hui, je vous fais visiter mon jardin. Regardez ma piscine creusée et mon magnifique terrain de un hectare ? Il faut que je vous laisse pour profiter de la baignade »
Publication du 3 mai 2025 : une photo de mon immense salon
Le 4 mai, en direct. Gros plan sur la maison. L’image est brouillée par l’arrivée d’un homme. « Nestor, qu’est-ce que vous fabriquez ? Je vous paye pour faire le ménage, pas pour tourner vos vidéos de jeune dans de ma maison. Vous êtes viré. »
Le compte a été supprimé.
Ce que Quentin Ebrard en a pensé : "Il y a dans ces quelques paragraphes beaucoup de créativité. Bravo !'
La nouvelle d'Ambre C et Enzo L
Il pleuvait des cordes à Buchenwald. Nous voyions à peine le bout de notre nez. Un garde surveillait tout notre groupe de Juifs. Positionné derrière le rang, je me tenais à la gauche de l’Allemand qui nous amenait tous dans un couloir sombre et miteux. Il attribua à trois Juifs une toute petite cellule. Moi, il me plaça dos à un mur fermant toutes les cellules. Je n’avais même pas droit à me propre cellule. Il me dit de rester là, de ne pas bouger. Il sortit par le couloir que nous avions emprunté puis referma la porte derrière lui. J’étais donc seul face aux cellules, adossé contre le mur, enfermé dans l’obscurité. Un faible rayon de soleil traversa la petite fenêtre. J’entendais l’eau frapper contre le toit.
Je passai la nuit seul. J’étais encore endormi contre mon mur quand j’entendis les clefs tourner dans la serrure. Un soldat m’ordonna de sortir et de me préparer pour la douche. Il ouvrit les cellules et nous conduisit dans une grande pièce carrelée et vide où régnait un silence lugubre. Il fit entrer tout le monde. Il suivit. Une odeur acide me piqua le nez. Tout d’un coup, l’Allemand me hurla de sortir immédiatement de la pièce. J’exécutai son ordre et sortit sans broncher. Le soldat referma la porte. Alors les tuyaux se mirent à trembler tout autour de nous. On entendit de l’eau couler. Le hublot de la porte se couvrit de buée. On entendit des cris stridents à l’intérieur. Je compris tout de suite ce qu’il se passait. Je me précipitai pour ouvrir la porte. L’Allemand me dit de me reprendre. Comme lui, je suis un soldat exécutant juste des ordres.
Ce que Quentin Ebrard en a pensé : "La plus complexe et l’une des plus réussies aussi
Bravo !
La nouvelle de Joshua B
Nathan marchait d’un pas rapide dans les rues de Paris. Il était en retard et son patron n’allait pas apprécier. Il s’engouffra dans la bouche de métro, s’éloigna de la foule pour aller dans un coin sombre à côté du distributeur à canettes. Soudain apparut derrière lui un clochard. Le clochard s’avança et dit :
« Tu sais, tout ce qui m’est arrivé dans la vie, c’est… »
Il ne finit pas sa phrase et laissa tomber sa bouteille par terre. Elle se brisa. Le clochard reprit :
« Tu n’aurais pas un petit billet de cent ? ou deux cents ?
- Monsieur, je vous prie de vous écarter, répondit Nathan qui s’était senti agressé.
- Tu sais, mon p’tit, les gens nous appellent les fous du métro, balbutia l’homme en détournant les yeux et en essuyant un filet de bave sur sa barbe hirsute. Mais tout ça, c’est parce qu’on n’a pas d’argent. Ça se résout facilement avec un petit billet de trois cents, continua-t-il avec un clin d’œil ».
Il poursuivait Nathan, lui réclamant sans cesse plus d’argent. Voyant son métro arriver, Nathan pris son porte-monnaie et le vida de tout son contenu, pièces et billets, soixante euros au total, afin d’écarter enfin le mendiant. Puis il cria :
« Dégage, sale pouilleux ! »
Le pouilleux se saisit immédiatement de l’ensemble et laissant Nathan partir, il se rassit sur le quai. Il ouvrit ensuite sa malle dont il sortit un costume et une cravate bien repassés. Il s’habilla de ces vêtements extravagants et enfila même des lunettes de soleil bordées d’or. Il s’en alla ensuite, comme si de rien n’était, en ajustant à son poignet une montre à aiguilles en diamant.
Il arriva devant la plus grande entreprise de la ville et murmura :
« Alors, c’est le pouilleux ? C’est qui le clochard ? »
Ce que Quentin Ebrard en a pensé : "Bien mené et construit, il y a des détails, on avance progressivement et la chute est bonne "!
La nouvelle d'Emma C et Nora L
Maeva était dans un long couloir sombre. De grosses larmes perlaient à ses joues. On lui avait dit de se taire, alors elle restait silencieuse. Qu’avait-elle bien pu faire pour se retrouver contre ce mur ? Elle voulait crier "Je n’ai rien fait !" Mais elle n’oserait jamais.
Pourtant, ça n’avait jamais crié. Les gens appelaient son nom mais plus ils approchaient, plus elle se recroquevillait sur elle-même. La petite fille n’osait plus bouger ni respirer, pourtant, elle tremblotait.
Soudain, elle entendit des tapotements puis vit une ombre et distingua des pupilles. Le monstre se rapprochait dangereusement de sa proie, tel un chasseur. Elle s’écroula sur ses petites jambes. Un doux pelage la frôla et elle reconnut l’odeur et l’ombre du chat.
La grosse voix la ramena à la réalité. « Maëva ! Maëva ! »
Elle laissa échapper un sanglot bruyant. Les pas se rapprochèrent encore.
« Je t’ai trouvée ! Bah, faut pas pleurer pour une partie de cache-cache. »
Ce que Quentin Ebrard en a pensé : Excellent !!! Bravo. Bon style. C’est une des meilleures.
La nouvelle de Madeleine et Constance
Je savourais la dernière cuillère de mon dessert tandis que Baptiste me regardait d’un œil attentif. Le serveur nous interrompit, je lui donnai donc de quoi payer le repas. Le serveur, surpris, me gratifia d’un grand sourire et de sincères remerciements. Après être sortis du restaurant, nous reprîmes notre route initiale
Nos sujets de discussion variaient beaucoup jusqu’à ce que je m’aperçois des regards remplis de jugement que nous ne comprimes pas. Je lui exprimai mon désarroi :
« Je suis désolé pour ces regards malaisant, j’ai l’habitude »
Il me rassura d’un sourire et cela me rappela pourquoi il était mon seul ami. Arrivés devant le bâtiment, nos chemins durent se séparer et il repartit d’un air compatissant. Je poussais la porte d’entrée, Mme Martin me demanda de la suivre dans son bureau. Je m’installai sur la chaise :
« Alors, comment vas-tu depuis la dernière fois ? »
Je racontai alors ma matinée mais en parlant de Baptiste, je vis son regard s’assombrir.
« Ça ne va pas mieux, il est revenu, dit-elle tristement »
Je ne compris pas pourquoi elle était triste. Mon regard fut attiré par un mot sur mon dossier: « Schizophrène »
Je compris alors…
Ce que Quentin Ebrard en a pensé : Chouette petite nouvelle. Bravo à Constante et Madeleine d'avoir choisi ce sujet !
